Arrivées

François parcourait le château. Il s'était habitué aux lieux et il avait vite appris à se repérer ici. Il cherchait son Père pour l'entretenir de différents sujets et projets qui lui tenaient à cœur.

Et puis, il cherchait à occuper son esprit depuis le mariage de son père, pour ne pas trop penser à elle. Elle qui lui avait tant plu mais qui semblait si malheureuse, malgré ses sourires.

Il passa devant l'entrée du château, espérant qu'un garde puisse le renseigner. Il la vit alors, attendre, comme un peu perdue. Il approcha d'elle, souriant.

Voyant sa tenue et la couleur des vêtements, il comprit rapidement que les circonstances n'avaient rien de joyeux. Son père ne lui avait pas dit qu'elle devait venir, mais la vue de ses bagages lui fit comprendre qu'elle était là pour quelques jours.

Il approcha de Shallimar.

Bonjour ma Dame. Je suis heureux de vous revoir. Mais il me semble que pour vous, l'heure n'est pas à la joie. Venez, je vais vous accompagner au château, nous y trouverons bien Père.

Il fit signe à un larbin de passage de se charger des bagages de la Dame et il offrit le bras à Shallimar.

Ce pas... La dernière fois qu'elle l'avait entendu, il la menait hors d'une église, ensuite, elle avait cru vivre un rêve loin des soucis qu'elle connaissait chaque jour ces temps derniers. Ce pas, à nouveau...

Encore une fois, sans savoir pourquoi, elle eu cet étrange temps d'hésitation face à François. Elle, femme habituée à choisir et à diriger, elle restait indécise et fragile face à ce jeune homme.

Je... Je suis heureuse de vous revoir, d'être ici. Je vous suis.

Elle semblait soudain au bord des larmes. Et, souriant tendrement, elle prit le bras qu'il lui offrait... comme la dernière fois.

Le contact de son bras le fit frissonner. Il sentit à nouveau une vague de chaleur le submerger, il se sentit sur un petit nuage. Il jeta un regard vers cette femme et ce qu'il vit le frappa.

Lors de leur première rencontre, il l'avait trouvée superbe. Mais aujourd'hui, la vie semblait l'avoir faite souffrir énormément, et pourtant, elle était toujours aussi belle certes, mais d'elle se dégageait une impression de grandeur, une aura qui inspirait le respect.

Malgré tout, elle se tenait fièrement, digne de son rang. Elle ne laissait presque rien transparaître de ses émotions qu'il sentait pourtant bien présentes.

Il avancèrent lentement en direction du château. François espéra y trouver son père. Ses affaires pouvaient maintenant attendre, pas leur invitée.

Connaissiez-vous Cholet et son château ma Dame? L'endroit est très beau, et très calme, quand ces maudits français ne viennent pas essayer de nous envahir. Vous y serez bien pour vous reposer.

Se reposer... Etait-elle là pour se reposer ou bien entreprendre autre chose, elle la femme d'action ? L'activité que le Duc générait autour de lui lui avait toujours plu, pour cela, elle s'était toujours sentie proche de lui. Venir à Cholet n'était pas qu'une retraite, peut-être aussi une renaissance, elle se mourrait en Provence, même avant, mais elle ne se doutait pas un instant d'à quel point cela pourrait la bouleverser.

Je ne connais Cholet qu'à travers les conversations de votre Père. Maintenant que je m'y trouve, je regrette de n'avoir jamais pû profiter de ses invitations plus tôt, c'est un lieu si... agréable au regard de ce à quoi je suis habituée depuis des mois. Et puis souriant de plus belle, cela m'a toujours amusé de voir que l'un comme l'autre, les Français n'étaient pas nos amis, mais chacun à notre manière. Il y a des choses qui rapprochent.

S'arrêtant un instant et se tournant vers lui.

J'avais peur de partir en Provence, ce fut un calvaire; je sais que je serai bien ici.

Des choses qui rapprochent, oui... J'avais moi même oublié à quel point la vie ici était agréable. Après tant d'années passées au loin, cela me manquait, tout comme ma famille.

A ses dernières paroles, François prit doucement les mains de Shallimar dans les siennes et la regarda tendrement.

Ma Dame, je vous jure sur mon honneur que vous serez mieux ici que vous ne l'avez jamais été ailleurs. Je vous promets que vous y trouverez le bonheur. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je suis là, n'hésitez surtout pas.

Shallimar cher amie, comment allez vous, je me réjouis de vous voir dans mon domaine.
Oh mais je vois que mon fils a été fort obkigeant en vous y acceuillant. Il a fort bien fait. Bienvenu a vous. Vou pouvez demeurer chez nous le temps qu'il vous plaira.

Shallimar sursauta légèrement en entendant la voix du Duc.

Bonjour cher ami. François... hum, Votre fils m'accueillait en votre absence et se proposait de me faire visiter les lieux.

Je vous remercie encore de la gentillesse que vous me temoignez en me recevant chez vous, sachez que je saurai me montrer digne de cette marque d'affection.

Père, puis-je montrer à Dame Shallimar ses appartements? Elle semble avoir besoin de repos, et le voyage depuis la Provence est long.

François se tourna vers Shallimar, lui tenant toujours les mains.

Nul doute que si Père vous a invitée, c'est que vous êtes digne de confiance et qu'il voit en vous une amie proche.

Shallimar se retourna vers celui qui avait ainsi gardé ses mains durant toute la scène.

Je m'en remets à vous. Je suis ici votre invitée, j'y suis certes pour que mon esprit se détache des tourments qu'il connait ces derniers temps, et je sais qu'à vos côté cela paraît si simple ajouta-t-elle à mi voix, mais je tiens à vous montrer mon attachement à votre cause et me mettre à votre service.

Dame Shallimar, je pense que Père sera d'accord avec moi, mais je préfère vous voir d'abord vous reposer, prendre des forces et chasser quelque peu vos soucis, même s'ils seront toujours présent.

Nous ne doutons absolument pas de votre soutien. Mais il est avant tout essentiel que vous soyez en pleine forme, pour votre bien.

Il ajouta à mi voix, se penchant sur Shallimar.

Et si vous le permettez, je resterai à vos côtés, tout proche, pour vous y aider. Je tiens beaucoup à vous.

François regarda la nouvelle venue et la salua.

Bonjour à vous. Je ne veux pas me prononcer à sa place, mais je pense que Dame Shallimar a surtout besoin de repos pour le moment.
Elle arrive de loin, et ces derniers temps ont été difficiles. Peut-être pourriez vous remettre cette entrevue à plus tard?

Se tournant vers fifou.

Bonjour Ma Dame.

Je ne crois pas avoir eu le plaisir de vous rencontrer auparavant. Je me nomme Shallimar, je viens d'arriver en ces terres, où j'ai été invitée par le duc Tydual.

J'accepterai volontiers votre invitation à déguster du... thé, mais pour l'instant, je vais commencer par installer mes affaires.

Puis revenant à François dont les dernières paroles à son égard n'avaient pas manqué de la mettre dans un certain émoi.

Je vous remercie pour votre présence et votre soutien, ils me sont très précieux et ne manqueront pas de m'aider à aller mieux prochainement, afin que je puisse me montrer utile pour vous et votre Père.

Je ne suis point très encline aux sourires et à la joie, le temps passera, peut-être des nouvelles viendront, la récente peine se calmera; l'action ne pourra me faire que du bien.

corentin qui, a son habitude, trainait dans le chateau vit fifou avec deux autres personnes, il s'approcha.

dame fifou,comment allez vous?

madame shallimar, d'apres vos dire les nouvelles sont mauvaise, si je puis vous etre d'une quelquonque utilité demandez le moi et mon epee sera votre, idem pour vous messire francois.

Shallimar allait de surprises en surprises depuis son arrivée ici. Déjà, elle avait retrouvé François et puis, là, elle rencontrait deux inconnus... aimables, souriants, mieux encore, serviables, dont la première idée n'était pas de vous demander des comptes ou savoir si vous alliez leur voler quelque chose, pour peu, elle se serait presque demandé s'ils étaient bien des créatures d'Aristote, mais après une très courte réflexion se dit que c'était sans doute l'inverse.

Je vous remercie, fifou, Messire Corentin, je ne doute pas que nous nous reverrons prochainement.

Lucine s'avança dans la cour du chateau. Le mariage était depuis longtemps terminé, mais elle espérait n'avoir pas entrepris ce voyage pour rien et croiser son ami Philippaurus... Elle tirait comme elle pouvait son cheval boiteux et sa roulotte colorée... puis s'immobilisat attendant de voir une personne engageante qui oserait s'occuper d'une bohémienne solitaire, avec un peu de chance, elle trouverait Philippaurus...

Tydual arriva sur la grande cour d'entrée quand il vit une roulotte avec une personne à coté.

Madame, je me présente, je suis tydual de dénéré, le seigneur de ce modeste chateau. Cholet est une terre d'accueil et si vous y cherchez le gite et le couvert. Sachez qu'ils vous sont acquis.

Grand merci seigneur Tydual, dit Lucine en saluant. Je vous remercie de votre hospitalité. Je venais rencontrer un ami, Philippaurus. Pour des raisons de santé, je n'ai pu assister à son mariage. Sauriez vous si je peux le rencontrer en ces lieux ?

Un carosse aux armes de Marennes se présenta à l'entrée du châtelet. Un garde annonça :

Faites savoir que la Comtesse est en ces lieux, et qu'elle souhaite honnorer le Duc de sa présence.
Hatez vous de prévenir vostre Seigneur ! La Comtesse est lasse. Le voyage fut éprouvant.

madame la comtesse, un honneur de vous voir, je n'y comptais plus.
Vous etes ici chez vous et vous le savez. L'aile de votre famille a été aménagé.

Puis s'adressant aux gardes.

Ouvrez la herse et traiter cette dame avec les honneurs du à son rang.

Les rideaux du carosse restent désespérement clos, le garde souffle :

La Comtesse se refuse à l'annoncer, mais elle ne semble pas très bien.
Elle a beaucoup maigri, elle est pale, et elle reste de nombreuses heures recluse dans ses appartements, pensive, sans mot dire.
Cela ne lui ressemble pas, nous sommes très inquiets...
Nous espérons qu'elle pourra se reposer et retrouver goût aux choses en ces lieux. S'il n'est point déjà trop tard...

La herse s'ouvre et laisse passer l'équipage. Arrivés à l'entrée du chatelet, un valet ainsi qu'une ribambelle de servantes aident la Comtesse à sortir du carosse, s'agitant autour d'elle, cherchant à la satisfaire. La Comtesse, couverte d'une cape, encapuchonnée, n'est pas visible aux yeux des personnes présentes.
Telle une ombre furtive, elle se dirige vers ses appartements.